D’après vous, quelle est l’une des problématiques que nous aurons à affronter dans les prochaines années de manière récurrente ? Si vous avez répondu le phénomène de sécheresse à répétition vous avez la bonne réponse !
C’est un phénomène qui prend de l’ampleur et qui va nous obliger à prendre des décisions. A nous adapter dans les années à venir si nous voulons continuer à produire … et d’une manière plus globale c’est une des questions principales de la survie de l’espèce humaine sur le long terme !
Prendre conscience de l’importance de l’utilisation des ressources et de leur raréfaction est l’une des clés vers une agriculture qui intègre la prise en compte du facteur environnemental dans son développement.
Peut être même qu’il y aura de nouvelles opportunités de croissance à découvrir dans le développement de cette nouvelle agriculture ?
Quel est le lien entre le réchauffement climatique et la sécheresse ?
Le réchauffement climatique est bien réel et est au coeur de nombreux débats et de nombreuses problématiques. Cycle naturel comme mis en avant par les septiques ou causé par les activités de l’Homme, la question est ouverte et au coeur de l’actualité.
Revenons sur des notions moins émotionnelles et plus factuelles, la planète s’est déjà réchauffée de presque 1°C depuis la fin du XIXème siècle et selon certains scientifiques notre planète pourrait se réchauffer jusqu’à 6 °C d’ici à fin du siècle ! Personne n’a jamais connu un phénomène avec un développement aussi rapide !
Un tel dérèglement aura des conséquences très importantes pour nous , et pour minimiser les conséquences sur l’avenir de l’humanité le réchauffement devrait être contenu à +1.5 degrés d’ici la fin du siècle.
Le dérèglement climatique entraine des changements dans de nombreux domaines de la vie, mais pour nous, professionnels du monde de l’agriculture le changement est encore plus important car nous serions parmi les premiers touchés !
De nombreux bouleversements sont à prévoir pour notre vie entant qu’être humain mais aussi entant que professionnels à cause de ces dérèglements climatiques comme :
- Une hausse du niveau des mers rendant certaines terres non cultivables
- Des événements climatiques plus nombreux ( pluies , tempêtes … )
- Des périodes de sécheresse plus importantes !
Il y a un phénomène d’évaporation naturel de l’eau mais avec l’augmentation des températures l’eau va s‘évaporer beaucoup plus vite.
Même si le cumul d’eau enregistré dans certaines régions à augmenté, le volume a diminué dans d’autres régions du globe ! Ce qui entraine des périodes de sécheresses bien plus importantes qu’auparavant : elles sont plus nombreuses et durent plus longtemps !
Lors de violentes pluies les sols ne filtrent pas l’eau et les nappes ne peuvent pas se régénérer.
En plus de cette sécheresse accrue, les événements climatiques violents vont être de plus en plus nombreux car le cycle des saisons se dérègle ! L’effet est direct pour notre activité, car c ‘est d’un coté l’amplification des fortes pluies qui ne viennent pas reconstituer les nappes … mais c’est en même temps des périodes de canicule bien plus régulières.
De plus certaines plantes pourraient ne pas supporter cette hausse des températures et nous devrons changer notre façon de procéder au moment de la sélection de nos semences ou le choix des cultures.
Cette sécheresse plus régulière va entrainer une tension plus importante vis à vis de l’eau et va impacter les activités humaines, diminuant la production agricole et sera par la même, plus fluctuante, augmentant les prix et réduisant la facilité d’accès à certaines denrées alimentaires.
L’impact de la sécheresse
Nous commençons déjà à observer les premiers effets de ce réchauffement même si à l’échelle du monde, nous recherchons des solutions. La répartition de l’eau entre industrie, besoins humains et agriculture est déjà plus tendue qu’auparavant. Cela entraine forcément des pertes de récolte et des baisses de productions, quelque soit le type d’agriculture.
Les plantes sont des pompes à eau car elles doivent puiser de l’eau pour trouver les nutriments nécessaires à leur survie ! La sécheresse et la canicule viennent impacter directement la plante car elle doit se protéger d’une évaporation trop importante et doit pomper l’eau bien plus en profondeur qu’avant !
La nature est formidablement bien faite et a développée tout un mécanisme de protection pour se protéger du manque d’eau. Elle réduit la photosynthèse. C’est un peu le même principe que l’être humain qui réduit son métabolisme dans le cas d’un déficit calorique : il réduit sa consommation d’énergie pour faire face.
Mais malgré cela, certaines plantes comme les céréales flétrissent après un fort manque d’eau. Sur d’autres plantes qui vivent plus longtemps, le phénomène prend plus de temps à observer. Certaines plantes vont ainsi s’adapter naturellement sur la durée et vont ainsi pouvoir vivre même dans des contions climatiques difficiles mais d’autres ne tiendront pas le choc !
L’impact majeur de ces épisodes de sécheresse à répétition va être la perte de rendement et de qualité. Certaines variables entrent en ligne de compte sur les rendements comme les possibilités d’irrigation et la durée des épisodes de sécheresse.
La sécheresse va jouer également sur la qualité de la récolte avec la multiplication des ravageurs comme c’est le cas cette année avec les pucerons sur les betteraves. De plus, de nouvelles maladies peuvent apparaître et certaines plantes peuvent être moins résistantes qu’avant.
Les solutions
Mis à part continuer à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, la principale solution va être de jouer sur l’utilisation de l’eau en prenant compte de son importance et de sa rareté. Pour cela il n’y a pas mille possibilités, il devient important de l’économiser et la stocker !
Des actions peuvent être mis en oeuvre pour récupérer l’eau de pluie. L’agriculture est un domaine fort dépendant des quantités d’eaux disponibles et est l’un des grands consommateurs. De nombreuses régions mettent en place des systèmes de retenue d’eau pour permettre à l’agriculture de continuer de fonctionner. Il existe notamment des barrages comme ceux présent sur les affluents de la Seine ( il s’agit ici de lacs barrages) ou celui à proximité de Marseille sur la Durance.
Ces retenues d’eau peuvent servir à garantir l’étiage l’été, à assurer l’irrigation des arbres fruitiers ou encore à irriguer le maïs. Pour augmenter les quantités utilisables il serait possible construire un barrage réservoir supplémentaire ou aller chercher l’eau là où il y en a le plus grâce à des systèmes de conduites à l’image de ce qui s’est fait en Californie pour alimenter Los Angeles.
En cas d’aridification plus sévère, il sera nécessaire de se trouver vers d’autres solutions pour permettre à l’agriculture de continuer de fonctionner allant jusqu’à la désalinisation de l’eau de mer ! Cette technique augmentera également le cout de l’eau d’une manière significative.
Une autre piste peut être l’exploitation des nappes phréatiques, mais ces solutions ne sont pas toujours possibles dans le cadre d’une vision long terme. Dans le sol circule l’eau des nappes, provenant de la pluie et du ruissellement. Les nappes phréatiques se situent de quelques mètres de la surface du sol à 30 m de profondeur.
Une autre piste à creuser … est la pluie artificielle. Cette technique consiste à injecter, à partir d’un avion, des particules d’iodure d’argent à l’intérieur des nuages, qui agglomèrent les gouttelettes d’eau et finissent par tomber sous forme de pluie. Cette technique est très polluante pour l’environnement.
Une autre technique peut consister à utiliser les eaux usées traitée par les stations de traitement des eaux.. Cela se pratique en Israel ou en Italie. Cette technique peut être efficace et interessante mais se pose la question de l’acceptation de cette technique par la société …
Toutes ces techniques comportent des contraintes plus ou moins fortes, le monde agricole dispose de levier que chacun peut mettre en place en privilégiant en cultures céréalières l’agriculture de conservation du sol.
Le simple fait de ne plus labourer le sol permet d’absorber grâce à la macroporosité du sol jusqu’à 50 mm d’eau à l’heure alors qu’en labour uniquement 3 mm. Le simple fait de laisser en surface la matière organique évite les coulés de boues comme c’est souvent le cas dans les cultures de printemps et permettant à la pluie de pénétrer le sol et de reculer voire annuler le stress hydrique surtout en période de floraison moment critique de la plante où se joue la perspective de rendement comme c’est le cas dans le maïs ou soja.
Une autre technique consiste à combiner le non labour avec le traitement à base de bactérie pour développer le racinaire de la culture en place. Cela permettra à la plante à élargir son horizon pour trouver des nutriments et de l’eau pour sa croissance. Les bactéries fourniront de l’azote à travers les mycorhizes comme c’est le cas pour les légumineuses, cette technique s’applique aussi à d’autres cultures céréalières.
Cette sécheresse récurrente à des impacts très importants sur notre activité au quotidien et bien sûr sur nos résultats : qu’il s’agisse d’une baisse des rendements mais aussi de la qualité des récoltes.
A votre niveau, quelles sont les actions que vous avez déjà mis en place dans votre exploitation pour réduire la consommation d’eau et affronter les périodes de sécheresse à répétition ? Dites le nous dans les commentaires ci dessous.
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