Egalim

Quand nous sommes à la tête d’une entreprise, quelque soit le domaine mais encore plus quand il s’agit d’agriculture, il est important de se tenir au courant des évolutions de notre secteur d’activité.

L’anticipation est une des composantes du succès dans le développement d’une entreprise. Que ce soit anticiper les problèmes et les opportunités ou encore les évolutions liées à notre environnement de travail ( nouveau matériel, nouvelles techniques… )

Mais l’un des aspects trop souvent négligé est la prise en compte de l’environnement légal ! Une nouvelle loi peut considérablement changer notre manière de travailler au quotidien mais aussi changer nos plans de développement d’activité ! Une nouvelle loi peut tout changer ! 

L’étude du cadre législatif n’est pas forcément le sujet le plus sexy qui soit mais cela fait partie de notre travail de vous informer sur certaines évolutions légales et de vous accompagner dans la recherche de solutions, pour vous aider à mettre en place ces nouveaux dispositifs.

Nous allons tout faire aujourd’hui pour rendre cela compréhensible et attractif ! Nous allons nous pencher sur la loi EGalim issue des Etats Généraux de l’alimentation et qui ambitionne de changer profondément notre manière de travailler au quotidien !

Cette loi a été définitivement votée en octobre 2018. Elle a trois objectifs principaux :

Payer le juste prix aux professionnels pour permettre d’obtenir une rémunération qui puisse leur permettre de vivre de leur travail !

Mieux prendre en compte la santé des consommateurs en favorisant une alimentation saine et orienter la consommation vers quelque chose de plus durable.

Renforcer les mesures sanitaires et diminuer l’impact environnemental des cultures.

Amélioration de la rémunération et proposer une alimentation plus saine.

L’amélioration de la rémunération des producteurs passe par deux axes :

La refonte du système des négociations et de la fixation des prix : la mise en place d’indicateurs pour aider dans les négociations commerciales et un contrôle renforcé et des sanctions prévues en cas de non respect des indicateurs de références. Le prix sera proposé par les professionnels avec une meilleure prise en compte des coûts de production.

L’encadrement des promotions et des renégociations facilitées : Les professionnels du secteur auront également plus de poids dans les négociations avec les grands groupes. Les variations de coûts des matières premières seront également mieux prises en compte avec des renégociations de contrats qui seront possibles en cours de route … et les promotions abusives seront mieux encadrées.

Pour les consommateurs la loi EGalim a pour objectif d’impacter la qualité de leur alimentation et de son impact environnemental. Pour atteindre ces objectifs la loi prévoit des dispositifs sur deux axes :

Orienter l’alimentation sur quelque chose de plus sain : Cela va passer essentiellement par la modification des pratiques de la restauration collective en intégrant un part plus grande de durable et de produits labellisés. La loi prévoit également de baisser la consommation en poursuivant la lutte contre le gaspillage alimentaire en favorisant les dons ou la mise en place de doggy bag.

Baisser l’impact de la consommation et utilisation d’emballage de produits plastiques nocifs pour l’environnement : Cela vise surtout le domaine de la restauration en diminuant le plastique inutile ( paille, touillettes , bouteilles d’eau … ) et en interdisant les contenants alimentaires en plastiques dans la restauration rapide.

Améliorer les conditions sanitaires de production : quels changement pour nous , professionnels du monde agricole ? 

Regardons d’un peu plus prêt ce qui est prévu :

Interdiction du dioxyde de titane. C’est un additif utilisé dans l’alimentation qui est présent sous forme de nanoparticules et qui peut être toxique. La loi le retire en vertu du principe de précaution car certaines études ont montré l’impact cancérigène de cet additif.

Interdiction des néonicotinoïdes et des produits qui offrent le même mode de fonctionnement l’objectif est de protéger la biodiversité. Ces substances particulièrement dangereuses sont utilisées dans les insecticides. La France est un précurseur dans ce domaine et a donné l’impulsion à l’Union Européenne qui elle aussi a adoptée des restrictions.

Contrôle de l’utilisation de produits phytosanitaires et protection des riverains à proximité des zones de traitement. Pour mieux contrôler l’utilisation des produits la loi prévoit la séparation des activités de vente et de conseils pour ce type de produit. Il y a également une interdiction des remises sur ces produits.

La loi EGalim a un impact majeur pour nous professionnels en limitant l’accès aux produits phyto- sanitaires. L’objectif est d’en contrôler les usages et son impact sur la vie du sol, mais également de nous protéger en tant qu’utilisateur !  C’est cela qui va fondamentalement changer notre quotidien car nous allons devoir trouver de nouvelles solutions pour remplacer les produits que nous avons toujours utilisés ! C’est pour beaucoup source de stress et d’inquiétude mais si au contraire ce n’était pas source de multiples opportunités pour augmenter nos rendements et baisser nos coûts d’exploitation ?

EGalim : Qu’en est il un an après … 

Cette loi EGalim est le résultat des promesses faites pendant la campagne des Présidentielles de 2017. Avec pour objectif d’aider les professionnels et de poser les bases d’une nouvelle agriculture.

Plus d’un an après sa mise en place on peut voir qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Pour certains cette loi repose plus sur une charte de bonnes conduites que sur une véritable révolution de notre métier.  

Cependant les axes imposés sur les produits phytos avec un meilleur contrôle de leur utilisation suffit à se pencher d’une manière attentive sur l’impact de cette loi. En effet elle n’est qu’un début et ouvre la porte à d’autres évolutions inéluctables avec pour objectif de remettre l’agriculture dans le sol ! 

Rome ne s’est pas bâti en un jour. La mise en place des articles prévus dans cette loi va s’étendre jusqu’en 2025. Nous voulons tous plus de résultats à court terme et l’impatience est une des caractéristiques de la psychologie humaine 😉 La remise en cause de notre système économique demande du temps. Cela fait des dizaines d’années que nous fonctionnons d’une certaine manière et il va falloir du temps pour modifier les habitudes.

Et pourtant elle n’est que les prémices d’une nouvelle façon d’exercer notre métier pour pouvoir continuer à nous développer dans de meilleures conditions et réussir à répondre aux défis qui nous attendent dans les prochaines années pour remettre l’agriculture dans le sol, tout en augmentant les rendements pour nourrir la population mondiale qui ne cesse de croitre.

La loi Egalim peut apparaitre pour certains professionnels et même pour les consommateurs comme un coup d’épée dans l’eau en essayant de la résumer uniquement à la suppression des touillettes en plastique….

Elle ouvre néanmoins la porte à de nouvelles évolutions législatives qui vont durablement impacter notre façon de travailler en tant que professionnel. Depuis des années l’utilisation massive de chimie a considérablement appauvrit les sols. Cette loi est un premier pas pour orienter vers une autre agriculture plus orientée vers la réimplantation de l’agriculture dans le sol. 

Cela peut parfois être une source de stress pour certains qui voient les problématiques liées à cette nouvelle façon de fonctionner. Et pourtant cette occasion de nous réinventer nous offre la possibilité d’augmenter nos rendements et de baisser nos coûts d’exploitations en utilisant différemment nos solutions mécaniques et en se penchant sur des solutions de biochimie … 

Comment envisagez vous de vous adapter au quotidien face à la baise de l’utilisation des produits phytosanitaires ? N’hésitez pas à nous en dire plus dans les commentaires !